Construire une rampe d’accès en bois

Voici une fiche technique avec quelques astuces de bricolage pour contribuer à augmenter le nombre de rampes d’accès dans le monde…

Pourquoi? Les raisons à lire ci-dessous.

POURQUOI JE NE SOUHAITE PAS QUE VOUS ME PORTIEZ AVEC MON FAUTEUIL POUR ENTRER DANS VOTRE BOUTIQUE (mais plutôt que vous rendiez accessible la boutique)?

Parce que pour vous être porté-e est un fait exceptionnel.

Pour moi c’est un fait quotidien obligatoire: être porté pour aller aux WC, à la douche, au fauteuil, sur un sofa, au lit, pour s’asseoir sur une plage, etc. Que je suis porté tous les jours, plusieurs fois par jour, et ceci toute ma vie. Que je n’aie pas le choix d’être porté pour aller pisser, c’est un fait, mais que je me retrouve à devoir être encore porté juste pour entrer dans votre lieu, ça me paraît franchement évitable.

Parce que pour vous me porter c’est avant tout porter mon fauteuil.

Pour moi porter le fauteuil c’est me toucher physiquement, le fauteuil étant une partie de mon corps. Que du fait de ma dépendance motrice je suis continuellement touché par d’innombrables personnes pour chaque geste essentiel quotidien. Je ne vous connais pas mis à part depuis quelques dizaines de secondes, et je n’ai peut-être pas envie qu’un-e énième inconnu-e me touche.

Parce que vous n’allez pas savoir comment porter le fauteuil,

qu’au mieux vous allez me demander comment procéder en étant attentif-ve à mes indications, qu’au pire (le plus habituel) vous allez attraper par mégarde ce fauteuil sans réaliser que 1) vous manipulez 20’000 € d’un équipement technique fragile et vital, 2) vous pouvez-vous faire sérieusement mal, 3) vous pouvez me déséquilibrer jusqu’à ce que je chute.

Parce que vous pensez ainsi créer une solution accessible.

Pour moi vous ne faites que repousser une situation d’inaccessibilité. Qu’accessible = être autonome = pouvoir accéder seul-e à votre lieu, sans devoir continuellement nécessiter de l’aide. Vous m’aideriez complètement si vous réalisiez que je ne souhaite pas forcément être aidé-e, que je peux notamment avoir envie d’entrer tranquillement, discrètement dans votre boutique.

Parce que vous repoussez peut-être la faute sur la mairie

qui tarde à vous donner un accord de mise en accessibilité, ou/et sur l’urbanisme de la rue qui n’est pas en votre faveur, etc. Un peu d’autonomie et de responsabilisation, ça vous dit? Il existe des gérant-e-s d’autres boutiques qui n’ont attendu après personne: en construisant facilement par elles-eux-mêmes leur rampe en bois amovible, qu’ils/elles installent en quelques secondes le matin et enlèvent de même le soir.

Parce qu’en ne faisant rien et en attendant des improbabilités vous me considérez comme un-e client-e de seconde catégorie.

Parce que vous vous dites que « de toute façon il n’y a jamais de client-e-s en fauteuil qui se présentent » à votre boutique.Vous êtes-vous demandé un peu plus honnêtement pourquoi? Parce que vous estimez que c’est un acte beau et solidaire de me permettre d’entrer en me portant. Sauf que ce n’est pas vous qui attendez dehors devant une boutique (que plusieurs employé-e-s soient disponibles à venir porter) lorsqu’il pleut, qu’il y a un vent glacial, que c’est la canicule; et à voir passer de nombreux autres client-e-s valides entrer à l’abri. Lorsque vous-même voulez entrer dans une boutique, attendez-vous dehors à chaque fois 1 à 5 minutes?

Parce que vous me dites que vous êtes désolé-e et que vous allez régler la situation prochainement.

C’est quand « prochainement »? Si je reviens dans 2 semaines, me parlerez-vous encore depuis le trottoir de « prochainement »? Parce que si je refuse que vous me portiez, et que donc je ne peux pas entrer dans votre boutique, vous allez probablement me répondre vexé-e ou choqué-e, en tout cas un peu culpabilisant-e : « eh bien alors c’est votre choix! » Ce n’est pas mon choix. C’est un non-choix que vous créez et faites perdurer en tant que responsable du lieu. Mon choix serait de vouloir autant que de pouvoir entrer comme quiconque de façon autonome; sauf que je détiens le «vouloir», vous détenez le «pouvoir».

Et vous savez quoi? Je suis loin d’être la seule personne en fauteuil à ne pas, à ne plus vouloir être portée. Pour toutes ces mêmes raisons.

Que comptez-vous faire?

Zig Blanquer (l’auteur de cet argumentaire peut être joint sur simple demande)


Télécharger la fiche technique: recto et verso.

Revenir à la page précédente (S’y mettre).
Revenir à la page L’histoire de OnBricole.org